Ils sont assis l’un à côté de l’autre et semblent de même taille alors qu’on sait que l’un vaut le double de l’autre.
Les fauteuils sont cossus mais sans autre ostentation.
L’un, le petit, regarde la moquette posée quelques heures avant. Il a disposé ses mains sur ses cuisses …. écartées.
L’autre, le grand mais apparemment pas plus grand que le petit, semble s’être volontairement engoncé dans son fauteuil afin d’éviter de trop dépasser le petit. A moins que ce ne soit le caméramane qui lui ai imposé cette posture inconvenante pour que sa tête ne soit pas coupée. Il a les cuisses ……… écartées.
Les deux journalistes, Lolo et Dada, viennent de prendre une douche, ça se sent, ils sont propres et brillants comme des sous neufs et leur sourire en dit long sur le plaisir qu’ils ont à passer dans le poste.
Le spectacle peut commencer. Non, on vient de l’apprendre, ce n’est pas, comme annoncé toute la journée, du direct. Mais qu’importe …… il faut savoir ne pas bouder ses plaisirs ……
Par contre, ils ont pris un grand risque ….. ceux qui écoutent la radio n’ont pas besoin de les regarder pour savoir ce qu’ils vont dire car leurs propos ont été commentés en long en large et en travers toute l’après-midi. Pour le scoop, vous repasserez.
Surprise !
Lolo cause anglais comme si on y était !
C’est bien, madame Lolo de posséder plusieurs langues ….. tant qu’il ne s’agit ni de langue de bois ni de langue de pute (et soumise).
Est-ce vraiment une question ? La question peut se poser … car la question est posée comme une affirmation. En tout cas, on sent que Lolo attend une réponse positive.
Un truc du genre :
« Alors Baba t’as pris ton pied au sommet, hein, dis, hein ? »
Elle n’est pas déçue.
Baraque (comme l’appellera un peu plus tard Nicolas) développe une réponse très positive. Visiblement, il est très heureux que Nicolas soit content ça le rend radieux …..
Mais …… que vois-je ….. le front de Nicolas est barré d’une grosse ride anxieuse …. Le traducteur ne va pas assez vite et Nicolas voudrait bien savoir ce que le Baraque est en train de baraquouiner ?
Mais le ton du ricain le rassure, il sent les ondes positives venir lui caresser les moustaches (virtuelles) et un sourire d’enfant malin s’esquisse aux commissures de sa bouille de président éjectable.
Dès que Baraque en a fini avec ses témoignages de grande autosatisfaction, le petit saute et trépigne … Dada lui lance à peu près la même question …. D’abord en anglais …. Puis, constatant la mine consternée du président, il se reprend et en vient au français :
« Alors vieux schnock, tu t’es bien fendu la gueule pendant ce « j’ai faim » de merde ? »
Ah ! pardon, je viens de vous donner la version anglaise traduite par mes soins attentifs …
Non, en français, cela donne :
« Monsieur le président de la France, de tous les français qu’ils soient ici ou ailleurs, d’ici ou d’ailleurs, qu’avez-vous pensé de ce magnifique G20 ? »
Tout comme son homologue d’outre Atlantique, Nicolas se félicite et se congratule de ce G20 extraordinaire et somptueux qui a permis d’élucider la plupart des énigmes passées, présentes, futures et à venir dans une ambiance harmonieuse et chaleureuse sans pour autant sombrer dans l’autosatisfaction puérile des cours de récréation d’école primaire.
Lolo, encore elle, interpelle Baraque avec un culot invraisemblable :
« Comment comptez-vous réconcilier les peuples avec la politique alors que tout semble indiquer que la populace n’apprécie pas vraiment que des décisions aussi importantes soient prises par quelques uns au détriment de tous les autres ? »
Baraque, qui n’est pas né du ventre de Carla riposte en expliquant les règles du base ball (qui sont parfaitement imbitables !).
Bon, je vous fais grâce de tous les moindres détails de l’entretien pour vous en résumer la substantifique moelle.
La Lybie, c’était très bien, mais alors, vraiment très très trrrès trrrrrès bien !
Nicolas, une émotion ardente dans la voix nous dit, les yeux dans la caméra :
« La preuve que c’était plus que bien, tous nos soldats sont revenus vivants ! »
Pour l’Afghanistan ……… on verra plus tard !
La shariah ?
Quelle shariah ?
La tunisie ?
……. Nous sommes là pour parler du G20 ….. parlons du G20 !
…….
Encore une fois, la France, par la voix et l’esprit de son président Nicolas premier a sauvé le MONDE.
Ces connards de grecs ont bien tentés de saboter le bouzin, mais Nicolas a pris L’ampapandréouteur entre quatre murs clos et lui a passé une rouste qui restera dans les annales du G20, G21, G22, G23 …..
Du coup, le pape en déroutes a renoncé à son projet de referendum dont la question était :
« voulez-vous rester dans l’europe ou bien refusez-vous de sortir de l’europe ? répondez par oui. »
Lolo (pas brigida) ose un timide :
« Certains vous reproche d’avoir humilié la Grèce »
Sarko montre ses quenottes dans un rictus à faire pisser ma concierge dans son panty et lui balance :
« Les grecs, c’est rien à côté de la matraque que j’ai appliquée sur la tronche à Berlu ! »
Bien !
Les choses secondaires ayant été dites, on sent qu’il est temps de passer à l’essentiel.
Comme dans toute bonne représentation télévisuelle qui se respecte, les deux vedettes du show passent à la phase ultime, celle des congratulations hagiologiques liturgiques réciproques et univoques à double sens.
Baraque se lance dans une élogieuse louange dithyrambique qui semble ne jamais pouvoir finir tant la liste des qualités du petit est longue et parsemée de divers et variés atours mirifiques et encaustiqués !
Français, vous en avez de la chance de posséder un tel président !
Courageux mais jamais téméraire, humble mais pas trop, travailleur infatigable même au lit, brutal quand il le faut mais doux aussi à ses moments, rigoureux et flexible, créatif et conservateur il peut vous accommoder n’importe quel plat politique à n’importe quelle sauce économique sans que vous ayez le temps de compter les millisecondes que ça prend à son cerveau de génie modeste.
Pendant la péroraison du black, le visage de Sarko se tord en tous sens, il ne peut cacher le terrible mal qu’il se donne pour ne pas lui sauter au cou et l’embrasser sur la bouche. Des rictus effrayants, aux dires de ma bignolle, mais que personnellement je trouve ridicules viennent tirer, étirer ses lèvres vers ses grandes oreilles dont l’une est bouchée par une oreillette plus grosse qu’une andouillette …. On sent qu’intérieurement, il boit du petit lait sucré de chez Nesse-les (il en pique à sa fille m’a-t-on dit !).
Voilà ! ite missa est !
Ah non, pardon, je vais un peu vite en besogne … il reste à Nicolas de faire à son tour l’apologie de Baraque …. Ce qu’il fait en trois temps deux mouvements rapides mais ……. Euh …… rapides.
Le spectacle est terminé, le rideau va tomber sur la scène et les spectateurs vont se lever avec regrets que la gaudriole prenne déjà fin. Il y avait tant d'inventions dans ce show, tant de non dits qu'on ne dira jamais, tant de dits qui ne disent rien et de rien qui disent tout ....... seuls de grands, de très grands comédiens savent ainsi se donner en spectacle sans la moindre gène, sans craindre un seul instant le ridicule qu'ils véhiculent comme le chat de ma concierge traîne la saucisse qu'il a piqué dans la cuisine du troisième étage !
On peut enfin regarder autre chose, les yeux embués des larmes abondantes que les deux acteurs ont fort bien réussi à nous communiquer autant par leur jeu d’acteurs que par leur sincérité émouvante et constipative ….. non, pardon, communicative !
Quelle pathétique pantomime !