Ô temps suspends ton souffle !
Tout est silencieux, trop silencieux, même aux cieux !
La nuit est claire, les étoiles frétillent au firmament et la température clémente engage à dormir au clair de la lune mon ami Pierrot.
Il est très exactement minuit ou plus exactement à l’horloge cosmique : 0 heure, 0 minute, 0 seconde de l’an zéro.
Et puis, dans un frisson de silice, tout bascule …… il est rès exactement 0 heure, 0 minute, 1 seconde de l’an un.
C’est l’heure, les bourses s’éveillent et dès leurs premières transactions se rebiffent contre la lenteur des paniers où les traders se gueulent les ordres et s’échangent des petits papiers qu’il faut ensuite traduire en écritures bancaires qui prennent des plombes. Les frais et les commissions s’embourbent dans des lenteurs administratives dignes de l’âge de pierre.
Vite, il nous faut des ordinateurs puissants qui seront capables de « trader » des millions de transactions en quelques millisecondes. Les frais et les commissions sont multipliées par des milliards et les boursicoteurs baignent dans le bonheur absolu.
Las ! L’humain ne répond pas aux marchés.
Il est encore à l’âge du panier et son travail est laborieux.
Le fossé se creuse entre les valeurs d’échanges et la triste réalité quotidienne du travailleur puant la sueur.
Qu’importe ! L’ordinateur vend et achète tout seul, plus personne ne peux le stopper, il s’autogère et vend des maisons qui n’existent pas et d’autres qui ne seront jamais payées, il ‘titrise’, faisant une pirouette prestidigitatrice il invente des actions sur le vent et le sable. L’important n’est pas ce que le titre représente mais les frais et les commissions qui sont prélevées sur les échanges.
La machine s’emballe, il faut de nouveaux titres pour cacher les faux titres et l’ordinateur, pour échapper à l’opprobre des petits porteurs spoliés, porte un faux nez.
Il s’immisce dans les médias et titre à la une : « le responsable c’est le peuple qui ne travaille pas assez pour couvrir les frais et les commissions. »
Aussitôt, le gouvernement s’empresse de taxer le peuple qui ne travaille pas assez, fume et boit à bon compte et se fait soigner aux frais des mutuelles qu’il a payé par ses cotisations et qu’il faut taxer pour le punir d’être toujours malade.
Heureusement, l‘Etat est juste et le roi a été décapité. Le fisc va se servir sur les riches et leur demander un pourboire dont la durée dans le temps s’éteindra dès que l’Etat sera désaltéré et pas au-delà d’une année car les riches ne sauraient être assimilés au peuple qui pue la peur.
Le coach, payé en sous-main par les banques, remonte le moral des porteurs : « tant que vous n’avez pas vendu, vous n’avez rien perdu ! »
Et le porteur garde son action qui finit par se dissoudre dans la carte mère de l’ordinateur qui n’a cure des porteurs de cornes !
« Maman, maman !!! Pourquoi as-tu digéré mon action, vois, tu me laisses nu sur le carreau ! »
Mais la carte muette reste mère …. Euh … non, la mère est muette et elle demande d’autres sacrifices car sa boulimie ne s’éteindra pas de sitôt.
Chant de la mère carte muette (muette mère carte – carte mère muette – mère muette carte …) :
« Donnez-moi, donnez donnez donnez-moi
Donnez vos actions
Donnez-moi votre pognon
Donnez-moi, donnez donnez donnez-moi
Dieu vous le rendra ! »
Et le petit porteur athée comprend qu’il s’est fait enculer et qu’il ne lui reste que les yeux pour pleurer et la fin du tube de pommade pour soigner ses hémorroïdes.
Moralité :
Y’en a pas !!!!!