jeudi 23 octobre 2008
Pol écrit :
J’ aimerai rebondir plus particulièrement sur la place de la culture et de l’artiste face à la crise politique actuelle. L’Etat ou plus exactement ce gouvernement se désengageant lentement mais sûrement, fuyant ses responsabilités sociales, morales et intellectuelles et laissant aux collectivités territoriales le soin de distribuer les rares et maigres subventions culturelles. Face à une crise sans précédent, il va bien falloir trouver des stratégies et de solutions nouvelles afin de résister « aux impératifs de l’économie de marché » comme le dit Bernard Stiegler.
Il nous faut défendre la liberté de création, et avant tout contre l’indifférence du pouvoir.
Je pense qu’on assiste à l’heure actuelle à une sorte de déperdition du rêve, de la capacité d’envisager le futur, d’imaginer, de souhaiter, d’aimer l’idée de changement et de différence. On n’est même plus dans un moment d’uniformisation ; il y a quelque chose d’éteint dans la société française aujourd’hui. Ce qui est le plus lourd à remuer, c’est cette espèce de chape, cette pensée obligatoire dans la société en général. C’est l’Art lui-même qui est menacé aujourd’hui : sa place dans la société, la reconnaissance de là vie intellectuelle, la recherche sont remis en question. Les pouvoirs publics ont relégués au second plan leur mission de service public pour jouer finalement le rôle de sponsors ou de mécènes. Les médias se sont engouffrés dans ce mouvement, car leur pouvoir s’en trouve décuplé. Se profile alors un monde de créateur sans œuvres , d’artistes habiles à confectionner des évènements - Damien Hirst, Jeff Koons et d’autres – Des évènements reconnus pour leur immédiateté mais dépourvus de mémoire.
Nous vivons dans une société de plus en plus technocratique. Nous finissons par nous y adapter plus ou moins consciemment et par entrer dans un nouveau conservatisme qui ne tolère la » modernité » que dans son expression technologique. Cette prétendue « modernité » cache mal l’idéologie marchande actuelle. La notion de « service public » est battue en brèche, aussi bien par le refus de toute responsabilité à l’égard du rôle social de l’art que par la complaisance des institutions culturelles. Le service public n’est-il pas la meilleure garantie de liberté, en dépit de ses défaillances ? Ultra médiatisée jusqu’à saturation, l’époque inquiète. Pourquoi y - a - t - il des artistes dont on parle et ceux dont on ne parle jamais ? On se doute bien que ce n’est pas une simple question de talent. Les nouveaux médias et même les autres sont non seulement superficiels et irresponsables mais abusifs. Qui adore le lundi rejette le samedi. Pire : l’immobilisme ou l’orthodoxie des grands groupes de presse menacent les artistes qui démarrent. Sans cette reconnaissance, pas de survie.
Pourtant, l’artiste est un citoyen comme les autres, « responsable » des moyens qui lui sont donnés et de la portée sociale de son travail.
Que faire, quoi faire ? Face à ce monde éteint, qui nous empêchent d’imaginer autrement, il faut de la désobéissance, valoriser la rébellion dans notre système, même si c’est difficile à porter néanmoins. Nous sommes pris dans une sorte d’obéissance masochiste : refusons, résistons, bousculons. De l’insolence, réagissons, j’ai le sentiment que nous nous enfermons nous même. Retrouvons la force, l’envergure, la capacité d’énergie, de travail, la volonté… Nous devons nous faire notre espace, notre liberté. Nous pouvons parfois changer un instant la tête des gens autour de nous ; j’aimerai que les autres soient plus libres dans leur pensée, plus créatifs, plus imaginatifs. Il faut restaurer la fonction de l’artiste, le désir, refuser ce monde cynique, retrouver une certaine naïveté. La société nous désigne pour faire ce travail : essayons de le faire.
Pol Brengel, Plasticien - Eclairagiste
Bien cher Pol,
comme tu as raison .... et pourtant ..... comme tu as tort !
Raison, je n'explique pas, suffit de lire ton texte !
Tort !
Pour commencer, l'artiste, dans la plupart des cas, est seul.
Certes, il peut agir en communauté, en groupe pour une action ponctuelle ... mais au fond ... il reste seul !
D'autant plus seul s'il vend.
Tu fais, dans ton texte, une palinodie commune, tu dis que les pouvoirs publics n'assument plus leur rôle et tu veux qu'on se révolte contre ça !?
Mais contre quoi ?
Contre le fait que l'Etat a d'autres chats à fouetter ?
Tu penses bien que les quelques artistes qui ruent dans leur atelier n'ont aucune chance de passer avant les ouvriers de Renault organisés en syndicat puissant et prêts à la bastong contre les CRS s'il le faut ....
nous, on peut toujours défiler dans les ruelles de Carcassonne .... les CRS ne se dérangeront pas !
La crise n'est pas la crise des artistes....
La crise est purement politique.
Les politiques ont décidé que la mondialisation serait bien pour gagner encore plus d'argent dans une économie capitaliste libérale .... alors, ils ont laissé les puissances de l'argent conquérir le monde .... en ordre dispersé, sans cohérence ni cohésion ... et nous sommes tombés dans cette dépression qui fait que les politiques ont décidé trois choses :
1 - remettre à flots les banques sans lesquelles le capitalisme ne peut exister
2 - mettre quelques gardes fous pour que les spéculateurs puissent jouer sans se blesser (perdre au jeu)
3 - repartir de plus belle vers la superbe mondialisation capitalistique sauvage .....
Personne ne semble comprendre, ou vouloir comprendre .... chacun se fourre la tête dans le sable et demande à l'Etat de faire en sorte que tout cela ne soit pas trop brutal ... parce que nous sommes sensibles .... nous ne sommes pas des capitalistes, nous autres, juste des petits zartisses qui voudrait bien prendre leur pied en créant des trucs dont personne ne veut !
Jeff Koons, puisque tu le cites, a tout compris, lui !
Il est du bon côté, du côté de la consommation à marche forcée ... ce que tu prends pour une tare (la fugacité des arts contemporains) c'est en fait leur force !
De l'art sans trace, sans mémoire, de l'art qui ne risque pas de déranger et surtout pas d'éveiller les consciences .... tu parles, un homard à Versailles, ça permet de faire jaser sur le néant, l'inutile, le futile et l'intemporel (dans le sens fugace du terme).
Alors te rebeller .... ben vas-y mon gars ... joue ton Don Quichotte, va gueuler dans ta rue, au bar ... chez la boulangère .... T’inquiètes tout le monde a trop de problème pour te remarquer !
Cela fait des décennies que nos gouvernements s'évertuent à nous rendre toujours plus isolés .. en cassant ou en noyautant les syndicats, en polluant la télé par des émissions vulgaires et appauvrissantes ....
tu ne vois pas que tu es seul ?
Tu appel les autres au secours, mais ils sont seuls, isolés, on leur a pas appris à se grouper pour être plus fort ....
Alors, si tu gueules dans la rue et que ça dérange un syndicaliste, ou un patron, ou un parlementaire ou un sénateur .... un de ces tout puissants .... ben la cavalerie en estafette gyrophare et sirène arrivera et te foutra qu frais pour la nuit histoire que tu apprennes à fermer ta grande gueule !
Bon courage.