Je reçois les deux protagonistes dans mon bureau-cabane-de-plage installé provisoirement dans la cour du café des chasseurs-pêcheurs-raniculteurs-quichieliculteurs.
Pour toi, chère lectrice, cher lecteur, je vais cuisiner les déblablateurs.
Il faut dire que le débat ne nous a pas déçu, la langue de bois a été particulièrement à l’honneur, les mensonges éhontés et les contre vérités évidentes firent florès … comme d’hab.
Yfig : Monsieur Moscovicci, je vous remercie d’avoir accepté cet interview au débotté.
Mosco : Mais je vous en prie, tout l’honneur m’en revient.
Y : Alors, monsieur Moscovicci, vous en pensez quoi de votre débat avec Marine Le Pen ?
M (très enthousiaste) : Vous avez vu comment je l’ai explosée La Pen ! ?
Y : Vous voulez dire « la Le Pen » ?
M (soudain renfrogné) : Je dis ce que je veux, quand je veux et c’est pas vous qui allez m’en empêcher !
Y : …
M (se reprend) : Et puis je vous demande de m’appeler, désormais, ‘Moscou veni vidi vici’. Après l’incontestable victoire que j’ai remportée sur La Pen, je suis en droit de réclamer cette reconnaissance.
Y : Oui, comme vous voulez.
M (très fier) : Je le veux !
Y : Mais, monsieur ‘Moscou veni vidi vici’, n’avez-vous pas un peu forcé le trait lorsque vous avez affirmé que le chômage est résorbé, que l’économie est repartie et que les banques sont en pleine forme ?
M (boudeur et fanfaron à la fois) : Et elle a répondu quoi La Pen ? Hein … rien … que dalle, je l’ai écrabouillée comme une punaise !
Y : Elle a quand même mis en garde les clients du Crédit Agricole qui pourrait se déclarer en faillite prochainement …
M (m’interrompt rageur) : … C’est une inconsciente, une folle, on n’a pas le droit d’affoler les clients d’une grande banque, ils pourraient vider brutalement leurs comptes, ce qui ne ferait qu’accélérer le mouvement de panique !
Y : Vous êtes en train de confirmer la rumeur !
M (se lève et me toise) : Vous êtes un malandrin, vous votez pour La Pen, c’est ça ? Vous êtes antisémite, raciste et communiste !
Y : Je vous en prie, rasseyez-vous monsieur le ministre des économies de bouts de chandelles et d’expédients, j’ai encore de nombreuses questions pour vous.
M (se rassied, croise les jambes et prend son menton dans la main droite en reproduisant le geste auguste du penseur) : Je vous écoute ?
Y : Vous défendez mordicus l’Europe contre les déclarations alarmantes de madame Le Pen ..
M (dans sa main) : … Oui, et alors ?
Y : J’y viens … elle propose de revenir au franc en l’indexant sur l’Euro tout en le dévaluant de 30 % pour booster nos exportations et réduire les coûts de production …
M (se redresse soudain et … très docte) : … Elle dit n’importe quoi, je lui ai dit et elle n’a su que répondre … c’est normal, quand on affabule, on s’englue dans les mensonges !
Y : Mais elle s’appuie sur des conseils sérieux, elle parle …
M (finit ma phrase) : … de prix Nobel …. Ah ! Ah ! Ah ! Laissez-moi m’esclaffer, ce ne sont pas des prix Nobel, ce sont des charlatans antisémites racistes et communistes !
Y : Vous avez quand même reconnu que les anglais n’étaient toujours pas passé à l’Euro !
M (me regarde par en dessous ironique) : Vous êtes décidément de parti pris, monsieur je sais tout, les anglais, vous les avez vu les anglais ? ils sont en pleine merde, les anglais, ils sont en train de crever les anglais, c’est bien fait pour eux, ils n’avaient qu’à se mettre à l’euro !
Y : Mais madame Le Pen donne les exemples de la Grèce, de l’Italie, de l’Espagne ….
M (lève le bras pour m’intimer de me taire) : Oh là foutriquet, vous êtes dans quel camp, vous aussi vous voulez que la France disparaisse de la planète en revenant au franc Mérovingien ? On ne peut pas arrêter le progrès quand il est en route, on ne reviendra pas sur les acquis de l’Europe et de tous les biens faits dont nous bénéficions chaque jour dans notre vie de tous les jours.
Y : Excusez-moi de vous dire ça, monsieur ‘Moscou veni vidi vici’, mais je n’entends pas beaucoup d’arguments convaincants, vous vous contentez de nier, mais en quoi notre vie de tous les jours est-elle embellie par l’Europe ?
M (condescendant) : Si vous n’êtes pas capable de vous en apercevoir …. Je ne vois pas pourquoi je continuerais à discuter avec un ignare !
Il se lève …
Y : Attendez, ne partez pas, j’ai apporté quelque chose pour vous !
Je lui tends un paquet craft.
Il l’ouvre et s’exclame :
M : Oh ! Comme c’est gentil, des bouts de chandelles …. Quelle délicate attention !
Du coup, il se rassied …
Y : Madame Le Pen vous a aussi interpelé sur la LGBT et les nouvelles lois sur la famille et l’enseignement de la théorie des genres … vous avez esquivé … mais qu’en pensez-vous réellement ?
M : Ah ! Tiens, vous avez mis un bout de bougie …. C’est pas bien, ça, je ne suis pas ministre des bouts de bougie !
Y : Et pour la théorie des genres ?
Il se lève et s’en va boire un canon au bar du café avec les pêcheurs, les raniculteurs et les chasseurs de mammouths.
Marine Le Pen qui nous observait depuis une table de l’arrière salle où elle mangeait un pigeonneau flambé au calva de Macao se dépêche de terminer son encas et d’avaler sa Kanter … Je lui fais signe de venir …. Elle essuie ses lèvres pulpeuses à une serviette en papier qui absorbe son rouge à lèvres … se lève et vient … je l’attends, debout et respectueux, elle me tend sa main droite que je baise goulument … enfin, elle s’assied en face de moi avec un immense sourire radieux.
Y : Merci, madame Le Pen, d’avoir accepté cette interviewe post débats.
M : Appelez-moi Marine, mon petit.
Y : Euh … je suis plus âgé que vous, vous savez ?
M : Et alors …. Vous êtes petit, non ?
Y : Bon ! Passons …
M : Oui, c’est ça, venons en au sujet.
Y : Qu’avez-vous pensé de votre adversaire monsieur ‘Moscou veni vidi vici’ ?
M : Comment vous l’appelez ?
Y : ‘Moscou veni vidi vici’, c’est lui qui m’a demandé de l’appeler comme ça !
M : Si ça peut lui faire plaisir de se ridiculiser !
Y : Mais vous, Marine, qu’en avez-vous pensé ?
M : Bon ! Tout compte fait, appelez-moi ‘madame Le Pen’, j’aime pas trop cette familiarité.
Y : Comme vous voudrez, madame Le Pen.
M : …
Y : Voulez-vous que je répète ma question ?
M : Oui.
Y : Qu’avez-vous pensé de la prestation de Mosco ?
M : Ben vous avez vu … c’est un hâbleur, un menteur, un baratineur et j’en passe et des pires !
Y : Pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce vous dites pour nos lectrices et lecteurs ?
M (sûre d’elle) : Oui, bien sûr.
Y : …
M (avec un grand sourire) : Vous pouvez répéter la question ?
Y : Passons …. Vous proposez de quitter l’Euro pour revenir au Franc, Mosco n’est pas d’accord … qui a raison ?
M (sûre d’elle) : Mais moi, bien sûr !
Y : Pourriez-vous développer votre argumentation pour nos lectrices et lecteurs ?
M (sûre d’elle) : Oui, bien sûr.
Y : …….. OK ! Bon, euh … si vous ne vous justifiez pas plus que ça, nos lectrices et lecteurs vont rester sur leur faim !
M (ravie) : Oh ! Oui, merci, c’est très gentil, je veux bien un autre pigeonneau, ils sont délicieux !
Je fais un signe au serveur qui nous apporte un pigeonneau sur son nid de petits pois.
Je la regarde manger le pigeonneau … quand elle a fini, le serveur débarrasse la table.
Y : Pouvons-nous reprendre l’entretien, madame Le Pen ?
M (s’essuyant la bouche) : Mumm miak slurp … appelez-moi Marine, cher monsieur, ce pigeonneau était divin, c’est du sauvage, ça se sent !
Le serveur passe près de notre table avec deux pigeonneaux … Marine est hypnotisée …
Y : Marine …. Marine …
M : Oui … pardon, j’ai vu passer des pigeonneaux …. Où en étions-nous ?
Y : Je ne sais plus très bien moi-même, mais si vous nous parliez de votre programme pour l’Europe ?
M (se penche en avant, les mains bien à plat sur la table) : Oh c’est simple, ou bien l’Europe accepte nos conditions, ou bien nous quittons l’Europe.
Y : …
M (me regarde les yeux dans les yeux) : …
Y : Mais … quelles sont ces conditions ?
M : Il y en a deux !
Y : … ?
M : Premièrement, nous dévaluons l’Euro de 30% ou bien nous revenons au Franc que nous dévaluons de 30%.
Y : …
M : La deuxième, nous dissolvons le Conseil Européen qui n’a pas de légitimité démocratique et troisièmement, nous signons une nouvelle charte européenne qui nous redonne notre indépendance nationale quant aux lois, aux finances, au droit du travail et au code de la route.
Y : Ça fait trois si ….
M : Et quatrièmement nous cessons immédiatement de payer la dette des autres pays, ils n’ont qu’à faire comme nous … se démerder !
Y : Vous pensez donc que l’Europe n’apporte rien à la France ?
M (très ironique) : Mais pas du tout …. Bien au contraire … l’Europe nous apporte des tas d’emmerdes !
Y : Et vous, avez-vous une opinion sur la théorie des genres ?
M (visiblement très énervée par la question) : La LGBT est une toute petite minorité qui veut imposer ses codes au reste des français au détriment de la famille que ce gouvernement de pé … euh … de … détraqués veut détruire pour mieux imposer ses dépravations, ses déviations sexuelles et ses pratiques douteuses … tiens ! Regardez Hollande, il vivrait avec un harem si on le laissait faire, vous ne croyez tout de même pas qu’il se serait arrêté à deux si on ne l’avait pas démasqué … ce n’est pas pour rien qu’il a été l’élève de DSK à HEC ! (Hautes Études de Cul)
Y : Vous avez évoqué la situation difficile d’une grande banque française et on a senti un moment de flottement, Mosco vous accusant de paniquer les clients sans raison …
M : Si vous êtes client du CA, c’est le moment de reprendre vos sous si vous ne voulez pas les perdre !
A ce moment, le serveur passe avec un pigeonneau …. Elle lui fait un croche pied et rattrape le pigeonneau au vol …
Je m’en vais ….. épuisé !