Tout compte fait, ma saynète ne sera pas présentée au festival du cinéma russe de nov. 2011 .... trop subversif ... jugez-en par vous mêmes.... :
ET en voici le texte :
Les mouettes d’Etretat.
Saynète à lire par 4 comédiens assis.
(Librement inspiré de Tchékhov)
Bruitage : cris de mouettes.
On peut ajouter un fond sonore type balalaïka !
Accessoires : mettre des pancartes devant chaque acteur avec son nom en grand. Préparer des panneaux avec les noms évoqués qu’Oleksandre montrera chaque fois qu’il en parlera.
Personnages (doivent prendre ou simuler un accent – russe si possible) :
Les 4 assis :
Vassilli Le père. Cosaque à la retraite qui cultive l’art de ne rien foutre.
Datchaya Jeune fille au pair née au Boukistan qui pleure ses parents morts par les mains des Prozacks (terribles soldats sanguinaires et sans pitié) Vassilli l’a adoptée et la considère comme sa fille.
Igor Le fils vit des rentes de son père
OleksandreEcrivain de théâtre amoureux de Datchaya.
Autres (voix off ou évoqués)
Vannia (oncle Vannia, parti faire la guerre au Boukistan pour libérer le peuple opprimé)
Macha (chiromancienne maîtresse de Vannia, qui a prédit le retour du Tsar qui se trouverai à Los Angelès)
Irina : Comédienne star des pièces de Oleksandre Amoureuse d’Oleksandre et de Datchaya
Paulina Feue la femme de Vassilli, et la mère d’Igor
Le thème de la pièce :
Un après midi pluvieux, Vassilli, Datchaya et Igor sont réunis pour entendre Oleksandre lire sa toute dernière pièce de théâtre. La lecture est faite sur un ton très lent et très solennel … les protagonistes lisent les dialogues de leur propre personnage.
Datchaya : La saynète que nous allons lire pour vous ce soir s’intitule :
« Les mouettes d’Etretat »
elle a été écrite par Yfig sur une inspiration libre de la pièce de Tchekov. Attendez la fin avant d’applaudir !!!
Les costumes ne sont pas fournis et les décors ont été égarés par les 3 mousquetaires : François, Yves et Jérôme.
Silence ………….. Cris des mouettes ………………………………
Igor : entends-tu Datchaya ?
Datchaya : Da Igor.
Oleksandre : la marée monte.
Datchaya : la mer chante.
Silence …. Puis le cri des mouettes ….
Vassilli : les mouettes rient et crient.
Silence
Igor : père, pourquoi nous as-tu fais venir ?
Vassilli : mes chers enfants, je voudrais que mon ami Oleksandre nous lise sa dernière pièce de théâtre. Oleksandre, tu veux bien nous faire l’honneur ?
Oleksandre : je devais la relire …. La corriger.
Igor : S’il te plaît, Oleksandre, lis là nous !
Oleksandre : je ne lui ai même pas donné de titre !
Datchaya : et pour moi, tu la lirais ?
Oleksandre : pour toi, oui, je ferais tout.
Vassilli : alors vas’y !
Oleksandre (sort un cahier cherche la page les diverses répliques seront lues par les protagonistes) : Voici ce que j’ai écrit :
Vassilli parle tout seul, plongé dans ses pensées il a oublié que Datchaya est près de lui, il dit :
« Où es-tu Vannia, mon cher frère parti combattre les Prozacks au Boukistan pour la liberté et l’honneur de notre peuple ? »
« Quand reviendras-tu frère bien aimé ? »
Sa fille adoptive, Datchaya, lui répond et cela le fait sursauter !
« Oui père, moi aussi je suis impatiente de revoir mon oncle, ce cher Vannia ! »
Datchaya : (elle s’efforce de ne pas lire … et d’être naturelle) Tu étais là aussi, Oleksandre ?
On entend les mouettes …
Oleksandre (ignorant Datchaya il reprend sa lecture) :
Le père, Vassilli, regarde sa fille et lui dit :
« Ne pleure pas ma chère fille, mon frère, ton oncle, s’en sortira, je le connais, il s’en est toujours sorti, c’est Ulysse, il est très rusé et Macha, Macha la magicienne et maîtresse de ton oncle lui a prédit un grand destin. »
Datchaya interroge son père :
« Lui a-t-elle lu les lignes de la main ? »
Son père putatif répond à sa fille :
« Ma fille, Macha a lu les lignes de la main de mon frère et bien plus ….. »
La fille, un peu choquée :
« Oh ! père qu’insinues-tu ? »
Vassilli ne répond pas tout de suite mais après un silence, il reprend :
« Il vengera l’honneur de tes parents, il tuera le Prozack qui les a assassinés et ramènera sa tête ici. »
Datchaya pose sa tête sur l’épaule de son père. So frère, Igor entre dans le salon, il tient une mouette morte dans une main et son fusil dans l’autre il referme la porte de sa deuxième main. Il s’adresse à son père et sa sœur putative en levant la mouette :
« Ce soir, Irina nous fera une bonne soupe de mouette. »
Mais la mouette s’envole en criant ….. cris de la mouette ! Igor est dépité, il se contente de dire :
« Ce soir, Irina nous fera une bonne soupe d’orties. ».
Le père a une pensée émue pour sa femme Paulina décédée l’an passé assassinée par les Prozacks lors d’un voyage au Boukistan. Il se lamente :
« Si ma chère épouse Paulina était encore parmi nous, elle nous aurait fait cette bonne soupe aux taupes dont elle gardait le secret ! »
Sa fille Datchaya s’adresse à lui avec amour et tendresse :
« Père, je vais essayer de retrouver la recette de cette bonne soupe si Igor veut bien aller tuer quelques taupes sur le bord de la falaise. »
Cris des mouettes …
Vassilli : (essayer d’éviter de lire pour montrer la rupture) Où es-tu allé chercher ça petit père Oleksandre ? Paulina n’a jamais fait de soupe aux taupes !
Oleksandre : En fait, je pensais à ma propre mère, Marina Svetlana Korguiskaya Petrovna Alexandrovitch Loubrovski, elle me faisait toujours une très bonne soupe de hérissons, mais j’ai changé pour des taupes car ça fera plaisir à Yfig !
Vassilli : Je suggère que tu enlèves ça de ta pièce, Yfig n’en mourra pas !
Datchaya : D’ailleurs, il nous fait dire tant de stupidités ….. on ne va tout de même pas lui cirer les pompes en sus !
Cris des mouettes …
Igor : J’irai bien tirer quelques mouettes, moi !
Oleksandre : ça pourrait nous faire une bonne soupe pour ce soir !
Silence ….. Cris des mouettes …
Oleksandre : Puis-je reprendre la lecture de ma pièce ?
Vassilli : mais oui, petit Olek, reprends, je t’en prie !
Oleksandre r (reprend sa lecture …)
Igor, le frère de Datchaya, le fils de son père Vassilli sort avec son fusil en lançant par-dessus son épaule :
« Je vais tuer quelques mouettes pour ce soir … »
Cris des mouettes …
Le père est inquiet car la chasse aux mouettes est interdite en cette saison et de plus, cette chasse est très dangereuse car elle se pratique en haut et sur le bord à pic des falaises d’Etretat. Son fils est déjà loin, mais il ne peut s’empêcher de lui recommander :
« Sois prudent mon fils ! »
Puis, se confiant à Datchaya, il dit :
« L’an dernier, pas moins de cinq chasseurs de mouettes ont trouvé la mort en tombant du haut de la falaise, on appelle cette région ‘ la côte d’Albaâtre ‘, elle va du Havre jusqu’à Dieppe et, à Fécamp, on peut visiter la Bénédictine qui est un monument hideux et présomptueux où l’on vend de l’alcool blanc sucré qui fait des trous dans l’estomac, les boyaux et les godasses quand on pisse et dont le goût … »
Datchaya : Si ça c’est pas des grosses conneries à la Yfig, je veux bien être pendue par la langue !
Cris des mouettes …
Igor : Faut avouer que là, on se croirait dans un car avec le guide pour touristes ignares !
Cris des mouettes …
Vassilli : Sautons ce passage et laissons Oleksandre finir de nous lire sa pièce !
Oleksandre : Excusez-moi, je n’avais pas vu qu’Yfig s’était permis de modifier mon texte …. Ce tyran dilettante ne perd rien pour atteindre son tour de piste dans les étoiles ! (il reprend sa lecture …)
Macha entre dans le salon où le thé fume, elle dit, essoufflée (c’est Oleksandre qui dit, essouflé) :
«Je l’ai lu dans mon bortsh, le futur Tsar du Boukistan vit à Los Angelès Californie.
Je rentre de Pénisograd, la capitale du Boukistan, il y a le feu au lac et les Prozacks refusent de se laisser tuer, ils résistent avec la volonté du diable et chantent des chants obscènes pour que nos braves soldats se bouchent les oreilles pour ne pas entendre ces vulgarités sans nom et du coup, ils ne tiennent plus leurs fusils et se font massacrer comme des taupes dans un ball-trap !!! »
Datchaya : Mais c’est du grand n’importe quoi !!!!!! J’en ai marre, je me casse ! (elle part)
Vassilli : Si Datchaya s’en va, je m’en va aussi ! (il part aussi)
Igor : et pourquoi je resterais, moi ? (il part à son tour)
Oleksandre : bon, c’est pas grave, tant qu’il reste des spectateurs, je continue ma lecture ….
Vannia, le frère de Vassilli, l’oncle de Datchaya et d’Igor est-il sain et sauf ?
A-t-il réussi à échapper aux terribles Prozacks sanguinaires et sans pitié, armés jusqu’aux dents par la société Lebel de Montluçon, les chantiers de la DCN à Cherbourg et à Brest et les usines de Dassault de Clamart et Issy les Moulineaux ?
A-t-il su se montrer suffisamment rusé pour déjouer tous les pièges qui lui ont été tendus … retrouvera-t-il la tranquille villa d’Etretat et les cris des mouettes ?
cris des mouettes ….
Pourra-t-il encore courir sur la falaise avec son chien et son neveu Igor pour pourchasser les mouettes ironiques et chiasseuses ?
Vous le saurez l’an prochain dans la suite de …
« les mouettes d’Etretat ! »
(il se lève et s’en va)
cris des mouettes ….
Fin
Maintenant, vous pouvez applaudir !