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Ce qu'il reste de la psychanalyse.

Inspiré d'un fait réel.

 

 

— Non monsieur, nous ne pouvons pas vous garder !

 

Ils sont trois.

Le psychiatre, l'infirmière et le gars.

 

La psy est une jeune femme fluette, elle n'a pas vraiment la tête de l'emploi, trop fragile et menue pour faire face à une brute enragée … sa voix est douce, on lui offrirait des fleurs … avec son sourire angélique et ses cheveux blond soutenu. Les apparences sont souvent trompeuses.

 

L'infirmière est jeune, dans les vingt cinq ans. Elle est baraquée et doit bien mesurer dans les 1m80. Elle est bien gantée dans sa blouse la blonde vénitienne aux yeux bleus. C'est une belle jeune femme, mais sa carrure de chauffeur routier lui ôte beaucoup de son charme. D'ailleurs, avec sa mine renfrognée, on voit tout de suite qu'on n'a pas à faire à une hôtesse de l'air !

 

Le type qui est assis de l'autre côté du bureau a la quarantaine mais difficile de s'en rendre compte avec sa gueule cassée, suturée, tuméfiée et ensanglantée. Il est arrivé là après avoir été ramassé sur un trottoir par les pompiers qui l'ont emmené aux urgences sur un appel anonyme. Ils le croyaient dans les pommes … ils n'y prêtaient guère attention mais l'un des deux pompiers s'est retourné et a tout de suite compris qu'il s'était pendu avec la ceinture de sécurité et qu'il agonisait en râlant ! Pas dans les pommes, le gaillard, mais fin saoul ça oui et au bord de l'asphyxie. Le pompier a été obligé de couper la ceinture de sécurité car chaque tentative pour la desserrée la serrait encore plus.

Aux urgences ils lui ont administré un calmant pour cheval et le lendemain une ambulance l'a conduit au centre psychiatrique.

Il y a passé quatre jours.

Quatre jours en pyjama et les pieds nus a errer dans un périmètre restreint, sans pouvoir sortir malgré le grand beau temps.

Les infirmiers lui ont piqué tout ce qu'il avait sur lui. Ils lui ont offert des chaussons tellement moches qu'il les a refusé. Il a vu un médecin qui lui a fait un point de suture, donné des médocs pour calmer ses douleurs et des valium pour son angoisse.

Mais la consultation a tourné court parce qu'il s'est plaint d'être traité comme un animal !

Holà, ce ne sont pas des choses à dire dans une unité de soins !

Le patient, comme son nom 'indique, doit faire preuve de réserve, de respect et de patience.

La première entrevue avec le psychiatre s'est bien passée mais fut une catastrophe lors de la seconde.

 

Il a raconté sa vie, la raison de son état physique lamentable … une bagarre avec un petit groupe de gars qui lui reprochaient d'être bourré et qui l'ont tabassé pour lui apprendre la sobriété. Il s'est ouvert des ses nombreux amis proches morts dans la misère d'une vie de paumé ou de maladies mal soignées … il a commencé a dérapé sur les médecins qui ne prennent pas en compte les malheurs des personnes dans son genre et qui soignent à la va vite parce que la CMU ne remplacera jamais une bonne mutuelle … et la discussion a fini par mal tourner.

C'est que les psys n'aiment pas qu'on les prennent pour des têtes de turc et abhorre par-dessus tout qu'on manque de respect à leur titre, qu'on remette en cause leurs compétences et que des pauvres types osent leur parler d'égal à égal.

Alors le psy a commencé à le culpabiliser, à le rabaisser et à lui reprocher son manque de respect vis-à-vis des infirmiers et des autres patients, à l'accuser de se fermer et de na pas répondre questions qu'on lui posait à faire obstacle à sa prise en charge et à refuser de coopérer à ne pas faire preuve d'empathie.

 

— Je suis traité comme un chien, vous me laissez en pyjamas pieds nus pour m'humilier et vous m'interdisez de sortir pour atteindre à ma dignité, comme si j'allais m'enfuir en courant dans mon pyjama bleu de bagnard !

 

L'infirmière patibulaire l'enfonce car le but des deux compères ne semble pas être la recherche du réconfort du malade mais bel et bien d'avoir raison à tout prix et contre toute démarche déontologique :

— Quand je vous demande comment vous allez, vous faites une moue de dégoût, comme si je vous agressais !

 

— Je ne réponds pas aux questions parce qu'elles sont idiotes, "comment allez-vous ? " … Comment je vais … mal ! Ça ne se voit pas que je vais mal ? Faut vraiment répondre à ça ?

 

Ce ne sont vraiment pas des mots à avoir avec un psy !

 

— Monsieur, vous avez une très mauvaise attitude, surtout après la tentative de suicide que vous avez faite dans la voiture des pompiers et puisque vous refusez qu'on vous soigne, je ne peux rien pour vous, vous pouvez partir et si plus tard vous vous décidez enfin à accepter d'être pris en charge et d'adopter une attitude coopérative et respectueuse, je vous engage à revenir nous voir.

 

— Si je comprends bien, vous me soignerez quand je ne serai plus malade !

 

— Vous voyez ! Je ne peux vraiment rien pour vous !

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