Hier, je suis allé à la bibliothèque, j'ai été très bien accueilli, j'ai pris ma carte et j'ai consulté le journal de Doublet, mais c'était celui écrit par Bréard ..
J'avais pris rendez-vous pour consulter sur place un incunable : l'authentique journal du corsaire Jean Doublet ...
Le bibliothécaire semble ne s'être fié qu'à la page de garde et l'avait enregistré comme étant l'original et, en conséquence, ils le tiennent sauvagement en réserve .... en fait, l'original doit, je crois, se trouver à Rouen et c'est un grand parchemin manuscrit, très lisible, que Bréard a patiemment recopié ...... mais les recopies, n'est-ce pas ......
C'est drôle, les gens font passer leurs fantasmes avant la réalité. Et puis, ils ne prennent pas le temps de consulter, ils décident en fonction de leurs désirs sans se soucier de la réalité ni des autres !!!
Moi, je suis allé à la bibli sans a priori, j'ai ouvert le bouquin et j'ai lu, tout simplement. Et c'est loin d'être un incunable, le livre est en vente sur internet à des tas d'exemplaires et dans deux éditions.
Bon, dire que le récit est palpitant serait malhonnête de ma part. C'est absolument pas littéraire, il ne s'embarrasse pas de transition ni même de descriptions - ni mobilier, ni étoffes, ni personnages ... rien ..... et c'est fort dommage car il est invité chez des nobles, à des fêtes et il visite Londres, et Amsterdam ...... etc ......
Mais c'est vrai qu'on trouve quand même beaucoup d'informations pour qui fait l'effort de lire ce truc un peu revêche.
J'ai, trouvé sur internet, les travaux d'une historienne qui démontre que le journal de Doublet est faux dans les dates. Ben, sans cela, juste en lisant, on voit bien qu'il y a des allers retours dans le temps ..... le pauvre a dû écrire ça à la fin de sa vie et se mélange un peu les pinceaux. Même sa date de naissance paraît incohérente ....
Il ne s'était pas caché dans un panier, ni dans une barque, mais dans la "baraque" d'un membre de l'équipage qui s'est allongé sur lui au moment de sa relève ...... Ils faisaient des baraques sur les bateaux, espèce de lits cages si on veut ! On ne voit pas ça dans les reconstitutions ..... plus tard, Doublet a eu le privilège d'avoir une baraque dans la chambre du capitaine d'un navire ..... Je crois que ce sont ces petits détails qui sont intéressants, qui en disent long sur la vie à bord. Et puis jusqu'à cette lecture, je n'avais jamais entendu parler de ces baraques de bord !
Avec son père, il pêche la morue aux îles Madeleine (du prénom de sa mère) et les bébés phoques qu'ils tuent à l'aide d'un bâton armé d'un couteau (1630 environ)
Plus loin, il raconte qu'il se tient à l'écart de tous car, récupéré après un naufrage, il a été mis avec les matelots alors qu'il était "géographe" (en fait, grâce à son éducation et vraisemblablement à son intelligence, il fut un excellent navigateur, c’est attesté par des lettres d’autres capitaines qui parlent de lui en termes élogieux.) .... alors il boude parce qu'il ne fait pas partie de cette fange !!!!
C'est vrai que sa mère lui a fait étudier le latin ! Mais il semble avoir du mal, au début de sa vie, en tout cas, avec l'anglais ..... il parle français avec eux ..... vous en connaissez, vous, des anglais qui baragouinent le frenchy ?
Bon, j'ai emprunté un autre livre qui serait, d'après l'intro, les récits de Doublet mais dans une langue plus proche de la notre. Moi, je n'ai pas ressenti d'efforts à lire la langue de Doublet, à côté du Villon de 1549, c'est du petit lait !
"Le Honfleurais aux sept naufrages" Noêl Lecouture chez l'Harmattan
Commentaires
Oui que veux-tu, les mousses servaient aussi aux loisirs du pitaine ... quand il n'y a pas de femmes à bord, on prend ce qu'on trouve sous la main si je puis dire !
tu es un vrai marin des marinades !
Rien de ce qui touche aux gentils moussaillons ne t'échappe !
Attention de ne pas tomber à l'eau en te penchant pour sonder !!!!!