Dans une étude intitulée "Les possibles de la poésie, Michel Deguy, Denis Roche, Jacques Roubaud" (2006),
Stéphane Baquey écrit à propos de Quelque chose noir :
Jacques Roubaud renonce à définir la poésie autrement que comme un
"monde possible",
comme un "jeu de langage" paradoxal,
public-privé,
qu’aucune grammaire ne saurait constituer,
mais qui repose sur l’invention d’une stratégie dont l’adversaire peut être la nature sans cesse changeante
ou bien
la mort elle-même,
le néant du deuil.
Dès lors, si la poésie se donne des règles explicites,
des contraintes,
c’est sans fondement théorique,
sans assises linguistiques,
en vertu d’une pure fiction.
Cette fiction n’est cependant pas sans vérité : elle est précisément une manière pour la poésie de résister à tout ce qui conspire à la rendre impossible.
En quoi ce jugement éclaire-t-il votre lecture de Quelque chose noir ?
Pierre Assouline rajoute :
Le texte était extrait de "Roubaud", un livre d’entretiens avec Jean-François Puff, et d’anthologies paru dans la collection "Les singuliers" chez Argol.
Moi, pour analyser un texte, je commence par le saucissonner.
Ca donne de l’air au texte, ça lui permet, et à nous, de respirer.
Comme toujours en littérature, cette épreuve consiste à étudier le texte d’un mec qu’a lu un mec qui parle d’un truc qu’il aurait lu quelque part et qui en fait une exégèse qu’on nous demande d’éclaircir et qu’il a intitulé : « Quelque chose noir » ? bien malin celui qui comprendra cet intitulé ! ? – on verra par la suite que je l’ai compris … je suis donc très malin !
Si l’on prend le parti d’internet, on tombe, effectivement sur un trou noir, espèce d’abîme dans lequel on se perd en conjectures …. Il semblerait ( en survolant ) que le titre soit lié à la mort de son épouse ….. c’est important car cela va conditionner la non-définition que S. Baquey va donner à la poésie …. On va sûrement bien s’amuser !!!!!!!
Baquey parle d’un bouquin intitulé « possibles de la poésie » écrit par trois gus dont on n’a jamais entendu parler avant aujourd’hui !
Ca, c’est typique des universitaires. On commence par noyer le poisson en l’accusant d’avoir attrapé une mauvaise rage lors d’un raout chez quelque ploutocrate de bonne famille et ensuite, on se propose de le sauver des eaux – boudiou d’boudiou !
C’est un artifice qui doit bien avoir un nom (mais que je renonce – ben quoi ? – à chercher) et qui donne du volume à la question comme on en donne à un ballon d’enfant en soufflant dedans !
Ah ! « autrement que comme »
Voilà, que disais-je ? nous avons bien à faire à une vilaine litote qui ne laisse rien présager de bon car, lorsqu’on prétend renforcer sa pensée en commençant par l’affaiblir, c’est qu’elle ne doit pas être en bonne santé - la preuve, on en fait des vaccins !
Cette litote nous instruit de facto que l’auteur se renie et que, s’il renonce à nous donner une définition de la poésie, il s’apprête à nous asséner des vérités bien obscures sur ce qu’il est incapable de définir et qu’il va substituer à une vraie définition.
Voyons un peu ce qu’il nous propose.
"monde possible",
Mais qu’est-ce qu’un ‘monde’ ? et à quoi ça sert ? oui, tout est possible, même un nouveau monde …. Mais celui-là fait appel au virtuel …. C’est donc un monde inutile !
comme un "jeu de langage" paradoxal,
un exemple nous aiderait sûrement ….
Tiré de « si quelque chose de noir » :
« C’est le soir, dit-il, si quelque chose noir, si du moins il n’est pas possible que rien s’éclaire de rien. »
Ah oui, on voit bien ! ça n’a pas un autre nom ce non-sens ? une palinodie ? en tout cas, c’est brillant …… de nuit !
public-privé,
et pourquoi pas privé-public ?
Que veut-il dire ce Baquey ? fait-il allusion à la fameuse ‘private joke’ anglaise ? ce mot que seul les initiés peuvent comprendre ?
qu’aucune grammaire ne saurait constituer,
C’est l’anéantissement du tout ! le chaos littéraire, le renoncement au sens !
Un exemple ?
« Nécessairement en effet, c’est bien soit de lumière soit de non lumière que s’éclaire ce qui s’éclaire, et par la fenêtre de l’atelier. Mais ni l’un ni l’autre n’est possible : la lumière ne reçoit pas la lumière plutôt que la non lumière ne la pousse : le toit ne fait pas du soleil un rectangle, le puits n’en fait pas une graminée, ni au contraire l’herbe une branche blanche d’amandier. Il serait noir comme dans le jour, ce qui est impossible. Immobile donc, pour ces raisons, immobile. »
Ne serait-ce pas plutôt du ‘charabia’ ?
mais qui repose sur l’invention d’une stratégie dont l’adversaire peut être la nature sans cesse changeante
Elle a bon dos, la nature !
Etonnez-vous après ça que les écolos s’entredéchirent !
ou bien
la mort elle-même,
pourquoi pas !
le néant du deuil.
J’ignorais ce néant là ! je savais qu’on faisait son deuil sur la néantisation de l’autre, mais le néant du deuil …. Vraiment, je ne vois pas !
Dès lors, si la poésie se donne des règles explicites,
des contraintes,
oui …..
c’est sans fondement théorique,
Ah ! bon !
sans assises linguistiques,
Tiens donc !
en vertu d’une pure fiction.
Tout s’éclaire comme disait le lampiste.
En conclusion, on peut effectivement affirmer, avec le sieur Baquey, que pour dire n’importe quoi on n’a besoin de rien et que le néant est notre meilleur allié dans ce genre de rien !
« Si quelque chose noir », écrit en 1980, me semble plutôt être une espèce de galimatias abscons destiné à épater les gogos qui ne savent rien des règles en poésie et ne demandent qu’à être convaincus que ces règles ne servent à rien et que tout un chacun peut écrire de grandes poésies en faisant l’abstraction du sens et des contraintes poétiques. Il suffit de faire copuler les mots et une génération spontanée de poésie se forme de cette fornication effrénée.
Cette négation accompagne les divers mouvements d’art contemporain qui nous proposent du caca sur un tabouret en guise d’œuvre d’art révolutionnaire.
Et effectivement, on peut lire, de ci de là, des poèmes assis sur ce strapontin et qui en ont l’odeur en même temps que la consistance.
Ca doit être ça le néant du deuil ….. de la poésie !!!!!
Comment j’ai retrouvé le texte ?
http://edel.univ-poitiers.fr/licorne/entree.php?id=3397
M’a conduit jusques’aux douze poèmes qui en fait parlent de « si quelque chose noir » …… à croire que tout le monde en parle sans jamais les avoir lus ….. – on dirait du Aimé Césaire !!!!! Roubaud était-il Martiniquais ?
http://edel.univ-poitiers.fr/licorne/document.php?id=3363
Jacques Roubaud et les troubadours
Publié en ligne le 22 mars 2006
Par Pierre BEC
(un verbiage noir caca !)
http://edel.univ-poitiers.fr/licorne/document.php?id=3330
et Roubaud fait des émules :
http://users.skynet.be/rockrennais/qquenoir.htm
Quelque
chose, noir
Du bout des nerfs, sous une chape de plomb.
Je me souviens d'un morceau de bleu,
Dans le feu de l'absinthe, une couleur s'est éteinte.
QUELQUE CHOSE NOIR se traîne
Dans le silence s'enfonce
& se ronge les ongles
& me ronge les sangs.
QUELQUE CHOSE NOIR, je l'aime
Comme un trou dans la nuit,
Comme un trou dans l'oubli
& roule au fond d'un puits.
Mais dehors c'est l'hiver.
Crève l'arrière-saison!
Un pou : ta mort dans une caisse à savon.
Je me souviens d'un morceau de vert
De la douceur de vivre, de l'ivresse du vide.
QUELQUE CHOSE NOIR se traîne
Dans le silence s'enfonce
& se ronge les ongles
& me ronge les sangs.
QUELQUE CHOSE NOIR, je l'aime
Comme un trou dans la nuit,
Comme un trou dans l'oubli
Je l'aime c'est bien ma veine!
Je reste là,
Face contre terre.
Ils ont vendu leur âme
Ils ont rendu les armes.
Je regarde.
QUELQUE CHOSE NOIR...
QUELQUE CHOSE NOIR se traîne
Dans le silence s'enfonce
& se ronge les ongles
& me ronge les sangs.
QUELQUE CHOSE NOIR, je l'aime
Comme un trou dans la nuit,
Comme un trou dans l'oubli
Roule au fond d'un puits.
Je reste là
Face contre terre.
Ils ont vendu leur âme
Ils ont rendu les armes,
Je regarde.
Je reste là
Face contre ciel.
Dans les salles où se perdent
Jusqu'au bruit de mes pas,
Je me perds.
Je laisse faire.
QUELQUE CHOSE NOIR,
Là, quelque part...
<>
Commentaires
Voici ce que j'ai trouvé dans l'inconscient de mon petit Baquey : il est surtout "privé de public" et il est bien content de faire chier quelques centaines d'innocents khagneux pendant quatre heures à plancher sur ses insanités et qui eux-mêmes dans quelques années - si le vent leur est favorable - iront recommencer ailleurs le même petit cinéma !
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand dans les hameaux abattus,
Les longs angelus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids!
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez-vous!
Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant-hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense!
Sois donc le crieur du devoir,
O notre funèbre oiseau noir!
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.
" Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense!
Sois donc le crieur du devoir,
O notre funèbre oiseau noir!
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir."
Dommage !
le début était pas mal !
mais,
les saints en haut des chênes ...... taratata ....y'a même pas d'nids d'corbeaux en haut des chênes .... y'a rien, le chêne est l'un des tout derniers à sortir ses feuilles.
Quant à la fauvette de mai ...... elle tombe comme une Vanille dans une réunion de notables .... tout l'monde débande !!!!!